Interview de Lynda DIADHIOU
Responsable SSIAD
- Présentez-vous ainsi que votre établissement :
DIADHIOU Lynda, responsable du service de soins au sein de l’ASAD (Association de Soins À Domicile) une association à but non lucratif depuis 2020. Notre établissement est composé d’un SSIAD, un SAD, un SPASAD (Service Polyvalent d’aide et de soins à domicile) et une ESA. Le service de soins dont j’ai la charge, est présent dans 6 arrondissements à Paris. Nous accompagnons les personnes de plus de 60 ans, personnes handicapées (jeunes et âgées).
- Comment définiriez-vous la bientraitance ?
De par mon expérience, la bientraitance constitue une attitude, un comportement, un savoir-faire, savoir-être, une écoute auprès de la personne soignée afin de répondre à ses besoins. À mon sens, il s’agit d’être dans l’accompagnement sans être dans le jugement.
- Comment luttez-vous contre la maltraitance et faites-vous la promotion de la bientraitance au sein de l’ASAD ?Comment luttez-vous contre la maltraitance et faites-vous la promotion de la bientraitance au sein de l’ASAD ?
Nous avons mis en place des formations, en partenariat avec Santé Service Formation afin de sensibiliser l’ensemble des professionnels qui interviennent à domicile. Par exemple, pour ce qui concerne le SSIAD, dès lors qu’il y a une remontée d’informations ou que le patient aborde une situation délicate où il s’est senti maltraité, un signalement est fait. Par la suite, une enquête sera menée, des dispositions seront prises selon la gravité de la situation. Ce type d’évènement est abordé en réunion de service.
- Quels sont les risques auxquels vos soignants peuvent être confrontés au domicile ?
Premièrement, dans notre établissement, nous avons constaté que la problématique de maltraitances intra-familiale était plus importante que des maltraitances de professionnels envers les bénéficiaires. Selon le degré de la situation, un signalement est effectué auprès de l’ARS ou de nos partenaires comme la M2A (la maison des aidés et des aidants, plateforme de coordination et de suivi des situations complexes). Des processus sont à suivre. Ces situations ne sont pas évidentes pour nos soignants. Par exemple, en cas de détection de violence, le soignant est souvent mal à l’aise et ne sait pas comment réagir. Il se retrouve seul face à la situation, c’est aussi ce qui constitue la complexité du domicile.
Nos soignants verbalisent ce type d’évènements en réunion où ils interpellent leurs cadres, en les contactant directement.
- Quelles sont les actions à mener suite à un cas de maltraitance détecté ?
Face à une situation de maltraitance, nous devons dans un premier temps, recueillir les faits auprès de la personne concernée et les proches, ensuite selon le degré de gravité, avertir l’ARS, nos partenaires (M2A, médecin traitant, autre service qui interviendrait au domicile…). Organiser une réunion de concertation si besoin, pour réfléchir et essayer de trouver des solutions. Les actions menées seront forcément liées à la gravité de la situation. Nous pouvons même être amenés à faire un signalement auprès du procureur.
Nous sommes dans un processus de resensibilisation des équipes, par le biais de la formation. À ce jour, toutes les équipes n’ont pas été formées. C’est important qu’ils aient les bases, afin de pouvoir faire face à une situation, avoir la bonne attitude, avoir une prise de conscience, alerter au besoin. Nous analyserons par la suite si les acquis sont mis en place correctement. L’effet sera mesuré sur le long terme, et nous verrons si un approfondissement sera nécessaire.